Louise Desrenards on Fri, 20 Jun 2003 20:27:43 +0200 (CEST) |
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OK NO ! FW: [nettime-fr] B38 Athée convaincu, j'irai à la manif du foulard |
Je reçois ce mail par nettime ce qui est normal, mais d'autre part je le reçois dans ma boite perso, quand on sait parfaitement mon point de vue là-dessus, sans quoi on n'aurait pas relevé mon adresse, et puisque je l'ai déjà publié dans les listes. En plus on en réfère à Marx !!!! comme si on ne pouvait pas être matérialiste en différence ? Et pourquoi pas Garaudy musulman, pendant qu'on y est ? Je trouve cela une pression idéologique personnelle franchement insupportable et de sinistre mémoire passée et récente ; il y a une vision du monde en masses dialectiques qui nous renvoit aux grands blocs de la guerre froide alors voici pourquoi je forward ici ma réponse en pus ds destinataires du messager qui se veut convaincant sur l'impérialisme etc... Est-ce l'alternative messianique révisionniste de Empire, qui nous est proposée là ? De même : on signe des pétitions puis on se voit "conseillé et appelé" à suivre systématiquement toutes les manifestations voisines de ladite cause. Non : je ne suis pas (nous ne sommes pas) l'objet de manipulation des partis ni de leurs causes mais les défenseurs en conscience spécifique des causes : cela ne peut nous empêcher d'être actifs ou de militer à notre propre convenance, devrait-il m'empêcher de faire un pas avec des amis et de m'en écarter pour le pas suivant, un petit moment, parce que soudain il me semblerait que le rythme ne se convienne plus ? Ce n'est ni par opportunisme ni par manque de cohérence, au contraire : prendre la fiction de la théorie du chaos pour réalité prédictive du meilleur et du pire, en quoi réside toute une possible espérance (pas de croyance mais le désir du jeu, la chance des dés lancés), de m'adapter à l'environnement mais aussi en retour de le modifier en dehors de la question du pouvoir ‹ une petite vigilance en dépit de mes coups de gueules ou excès. Une sorte de sagesse (et d'activisme à la marge) donc. Perso j'ai expliqué pourquoi après l'échec de la réalisation des utopies matérialistes, et restant néanmoins matérialiste je pensais, comme d'autres probablement, que les moyens justifiés par la fin étaient entendus décevants, horriblement décevants, par les masses en ayant fait les frais ; or donc le moyen maintenant intègre la fin, et de l'humble côté non seulement j'en prends acte pour ce qui est des causes communes, mais je le passe à l'acte de ma propre existence parmi les autres et de vouloir poursuivre avec eux. Ne plus craindre ni la droite ni la gauche ;-) on est là pour tracer et comprendre l'environnement pour pouvoir y agir sans se laisser mortifier, on est là pour être intelligents (l'intelligence cognitive des masses ;-) pas là pour suivre les leaders ni les éclaireurs. Voici ma réponse, elle parle de la question de l'éducation, et du reste : des droits théoriquement inaliénables nous ont été dérobés et c'est grave : lesquels ? L.D. pour A.G. > De : Louise Desrenards <louise.desrenards@free.fr> > Date : Fri, 20 Jun 2003 16:08:08 +0200 > À : Michel COLLON <michel.collon@skynet.be>, (...) Non mon ami, NON ! De mon point de vue, il n'y a pas de compromis intelligent sur la question du foulard, hélas seulement de la démagogie dangereuse pour le droit commun et l'ouverture de l'Europe sous le régime des denières libertés possibles. Personne parmi vos amis ne veut empêcher quiconque de porter le foulard hors de chez soi, dans la rue ou au supermarché, ou même au concert ou à l'opéra (il n'y a pas que l'islam des pauvres, n'est-ce pas ? Mais il y a l'Islam intégriste ‹ fondamentaliste ‹ et les autres Islam), et sûrement pas à l'église où la tête couverte des femmes est également de mise (dans les lieux là aussi les plus intégristes)... et vous n'avez qu'à voir comme la tradition s'est perpétuée en Italie et davantage à Rome, où les églises demeurent très fréquentées à proximité du Vatican. Il n'y a pas de racisme dans le fait de demander que les jeunes filles plient leur foulard dans leur cartable avant d'entrer à l'école publique, laïque, où elles devront suivre les mêmes activités et cours que leurs camarades et respecter l'autorité d'autres personnes que celle de leur propre père ou frère musulmans. Nous avons eu assez de mal historiquement à en chasser les évêques. Nous n'y subissons pas la ségrégation périodique des femmes impures sous l'écoute israélite qui s'y soumet (et dont pourtant les filles fréquentent la même école que celles qui voudraient y revendiquer le foulard). Quant aux traditions alimentaires des cantines scolaires, qu'elles respectent les traditions, simplement en procurant les choix de plats, paraît maintenant acquis ou presque. La question du foulard vaut pour les personnels de l'administration publique ou des hôpitaux nationaux ou régionaux (il faut que les règles de principe puissent transgresser la régionalisation, et ce pour des questions de sécurité morale et physique des personnes en libre pensée ou d'autres communautés que la communauté locale dominante ‹ le problème de la démocratie est la question de la minorité, mais aussi de la majorité : la démocratie est duale et se retourne). Que les églises et les mosquées s'ouvrent à l'accueil des sans-abris la nuit, serait une revendication religieuse plus intéressante pour la communauté publique, qui n'est pas à conquérir mais à laisser exister, face aux mutations politiques locales et trans-nationales... le foulard est un affect et un fétiche qui cache son palanquin sacré pour les uns, et la question politique radicale de l'engagement matérialiste pour les autres. Il n'y a pas de prolongement possible de l'autorité du père fondamentaliste dans l'ordre de l'école publique. Nous sommes dans un pays et une communauté de plusieurs pays où l'accès au pouvoir démocratique n'est pas autorisé aux personnes représentatives de la religion ni en nom de programme. C'est une des rares règles de la liberté de conscience politique, qui demeure active au sein de l'Europe. Nous ne sommes ni en Israel ni en République Islamique. Or l'Etat laïque c'est dès l'école publique : de la connaissance et de l'éducation des règles communes ‹ ou alors vous ne la sauverez pas en dépit de toutes les manifs et les grèves du monde ; elle périra d'elle-même et de désintérêt de la communauté globalement, au profit de l'école privée ou communautaire. Et pour ce qui en restera de ruine, aucune éducation n'y aura plus lieu. Or ce n'est pas à travers la famille que les enfants vont à la conquête de leur autonomie et de l'égalité de leur droit, quand ce sont des familles démunies, ou aliénantes, et cela vaut pour toutes les communautés et pour toutes les catégories sociales. Faire et élever un enfant ce n'est pas le posséder. Ce n'est pas trahir sa communauté que la transcender ‹ ni même la transgresser ‹ plutôt que de sombrer en obéissance ou au contraire en délinquance. Les conditions même de l'insoumission, le devoir d'insoumission devant l'infamie, un droit imprescriptible de la constitution française, que la constitution européenne a bannie de son propre texte, et a fait bannir du texte de la dernière constitution en France sous les socialistes eux-mêmes : voilà qui est grave. Bougeons pour faire rétablir ce droit au lieu de poursuivre les combats réformistes qui nous mènent au rétrécissement de notre moindre souffle ! Lâchez le voile ! Les femmes pour autant ne vous échapperont pas ;-) Des exemples d'insoumission ? L'armée américaine en Irak : professionnelle et d'engagés : pas d'insoumission annoncée... Le contraire de l'armée américaine au Viet-Nam, des Refuzniks, des déserteurs en Algérie (plus quelques paras qui refusèrent de faire la corvée de bois, ils rejoignirent le FLN dans les geôles de l'armée française). Une armée européenne sans engagement politique européen clair aux yeux des peuples ? OK : demain, un pays de la communauté européenne (et devinez lequel) se met en grève prolongée ; la communauté considère que cela perturbe et menace l'équilibre économique et la circulation des marchandises en Europe. Et d'après vous, à quoi sert l'armée européenne dans ce cas ? De là à devenir une force non seulement de réquisition mais de police en cas d'émeutes.. vous voyez ce que je veux dire ? Ce n'est pas le foulard en effet, qui empêcher la communauté de tourner... il en va d'autres questions à propos desquelles vous nous égarez, cher ami !!! Demain, une majorité de pays régressant dans des négationnismes, se présentent également en majorité à la Chambre Européenne (assemblée des ministres respectifs de chaque pays) et bien mon vieux : vous accepterez que la majorité "démocratique" du gouvernement européen vous y fasse basculer? Moi non ! Ce gouvernement européen "démocratique" est une vaste blague oligarchique et d'experts laquais des organisations mondiales, et des banques, et vous voulez nous y soumettre, quand nous devrions combattre pour en faire un pouvoir décisionnaire élu jusqu'à un président et des ministres ‹ et pour pas plus de 5 ans. Il est temps de redonner sang politique (au sens vide de la cité, question de la citoyenneté) à toutes ces quêtes, qui constituent une activité sans intérêt symbolique, ou alors le déplacent sous couvert de respect, voire qui crééra les pires situations faute d'avoir défendu les droits inaliénables au-delà de la notion de "gestion" des différences, des utilités, des échanges. Quels sont ces droits inaliénables ? L'école publique laïque, par exemple. mais il y en a d'autres que je vous soumets plus bas. Je fais partie des gens pensant au contraire que l'exigence du foulard est propice à développer le racisme et de plus la bêtise dans un monde qui chaque jour se débilise davantage, sauf la masse, de moins en moins manipulable sauf où ça lui plait : voyez en Espagne, où la tentative de récupération du mouvement de masse contre la guerre par la gauche communiste ne fit que permettre à Aznar de se maintenir au pouvoir ; car ceux qui ne votèrent pas Aznar ne votèrent pas davantage communiste : c'est à peu de chose près la configuration stratégique du premier tour des Présidentielles par rapport au PS en France... L'excès de zèle des amis de l'Islam à ne pas vouloir se contenter d'une intégration parmi les monothéismes pris en compte par le ministre des cultes (les israélites et les chrétiens le tenaient bon an mal an depuis la révolution française) ‹ justement celui qui gère la façade publique de l'impact collectif des religions en système laïque républicain... : est-il vraiment fondé, sinon en opportunisme utilitaire inavoué ? Aller jusqu'à Bruxelles pour de telles réclamations quand Bruxelles chaque jour nous éloigne des libertés : franchement !!!! Que l'Angleterre se soit illustrée sur la question libérale de l'intégration des communautés à l'issue de la société post-moderne ne l'a pas empêchée à se livrer à une des guerres les plus manipulatrices et racistes qui furent depuis des décennies, et contre une population diversifiée entière : en Irak. Ce n'est donc pas une bonne ligne de démarcation sur le respect des peuples ‹ même délocalisés. Pas plus de kippa ou de croix que de foulard à l'école, cher ami. Mieux valait se battre contre le port de l'étoile juive que de la penser une distinction convenant à la communauté de référence : des juifs ont mené ce combat singulier contre le groupe, ce furent parmi ceux qui fondèrent les premiers groupes de Résistance en France. Le seul combat à mon sens important est celui du vote des émigrés. Cela se passe dans divers pays de la communauté Européenne, par exemple en Ecosse depuis trois ans. On fait des référendum électoralistes ici mais on n'édicte pas de loi... La question du foulard abuse par rapport aux vraies questions : le statut des étrangers, et la possibilité de l'émigration en Europe, la protection politique des réfugiés, etc... C'est là-dessus qu'il faut se battre comme des forcenés parce que justement, ça va plus loin et contre la notion d'opinion ou de sentiment légitime (ce qui fonde le racisme lui-même est le sentiment légitime : autant éviter d'en nourrir). Cela engage des points de vue. Je trouve qu'à la renaissance du NPDS tout cela sonne les mêmes erreurs que celles qui sonnèrent le glas de SOS racisme quand il put être si puissant, puis soudain s'effondrer récupéré comme émergence associative d'un parti. Les grandes questions symboliques sur la liberté et la solidarité, les principes irrévocables ont été manqués, ou bradés sous les gouvernements socialistes, il faut oser le dire, sinon ce parti serait encore au pouvoir en dépit des questions d'échec économique : qu'un ministre néo-libéral de droite (mais restant républicain) ait eu l'intelligence pragmatique d'intégrer les musulmans de France, au moment même de la guerre d'Irak, et eut-elle servi d'argument opportun à son gouvernement, est une preuve de compétence tant citoyenne que politique, qui manifeste radicalement un aspect indigent (pourtant non moins opportuniste) d'engagements qui le précédèrent. Non seulement nos amis, partie de nos amis, ne leur ont pas procuré de statut, aux Étrangers, dont nombre de musulmans arabes, puis du monde, mais maintenant ils veulent surenchérir par le voile pour plus de "gauche" d'une loi progressiste, justement radicale dans sa mise en application, pour le faire oublier... Ma foi, sans tergiverser sur la question des sectes notamment en nommant la moitié du collège représentatif, une moitié seulement étant élue, Sarko et le gouvernement Raffarin, il faut bien oser le dire, ont fait fort en "compétence" au moins de ce côté là : quand aucune des autres questions cruciales sur la citoyenneté ne fut également dépassée davantage par le ministre et le premier ministre précédents. Je ne préjuge pas ici du reste de leur politique (que pour ma part je reste à désapprouver). Mais je me sens assez libre pour dire ce que j'en retiens aussi d'ntelligent. Il y a plus à propos du foulard : cela revient à considérer la question de l'émigration locale entièrement sous la question de l'Islam et d'assimiler pour ceux qui n'en font pas partie tout l'Islam au foulard pour ceux qui n. Il y a en France par ex, nombre de Philippins chrétiens, pourtant également sans papiers. Or vous savez très bien ce qui se passe à propos des communautés chrétiennes en Indonésie et aux Philippines... justement une sorte de persécution et d'extermination annoncée à l'horizon de l'Islam dominant comme pouvoir après les crises monétaires et économiques là-bas, partenaire dialectique des grands lobbies de l'Intelligence (entendre services secrets) et de l'économie des ressources du pouvoir mondial (entendre celui que nous voyons à l'oeuvre récemment en Irak) dans ces "zones" post-émergentes. Nous devons au pouvoir socialiste le maintien des "ordres corporatistes" Vichystes (médecins, architectes, etc...), quand il avait été élu notamment et entre autre pour l'abolir en 1981 ; la disparition des soins hospitaliers solidaires (et avec la même qualité) y compris aux démunis de carte de sécurité sociale (il y en a beaucoup plus que vous ne le pensez), la régression de la culture dans un régime clientéliste "subventionniste", au regard de la culture sauvage d'un melting-pot des sociétés post-modernes aux réfugiés politiques ou économiques, américains et sud-américains, et des pays de l'Est, mais aussi algériens du Raï tué comme force de contestation formidable de la jeunesse algérienne (l'amour ‹ et justement l'alcool parce qu'interdits par le Coran et en quoi était marquée la révolte contre les "babas"), par le mercantiliste et clientéliste du retour hip-hop dans les années 80... de l'autre côté c'était le deal de brou de coke et les armes de la délinquance enrichie plutôt que la misère, ou le retour de l'islam pour remettre bon ordre ; l'émigration impossible elle-même sous la coupe des accords européens et la pression allemande dans les années 80 etc... Or le droit d'accueil aux émigrés comme le droit d'immigrer, doivent absolument demeurer des droits imprescriptibles, de principe. La question du vote des émigrés : seule intégration valable quant au droit. Tout cela : qu'en a fait le gouvernement Jospin ? Qu'en avait fait le Président Mitterrand ? Qu'en ferons-vous à l'horizon de l'agitation des foulards ‹ peu importe la conséquence pourvu qu'on ait l'effet ? Partie de nos amis, ceux au pouvoir, ont laissé les sans-papiers errer, évitant de les poursuivre mais sans leur concéder le droit écrit de résider, de quoi rendre fou, sauf refuge d'un renforcement communautaire. Même après le départ de Chevènement, cette situation se poursuivit : on ne pourrait donc l'imputer à Chevènement lui-même. C'est trop facile ! Qui donnera une fois pour toutes et à tous les sans papiers des papiers, en attendant leur suite émigrée ? L'Émigration, l'immigration, c'est comme les déchets nucléaires, voyez-vous : cela ne s'arrêtera jamais, sauf une différence : l'émigration et l'immigration c'est la vie qui va, tandis que les déchet nucléaires dans la pollution des sols et de l'eau, avec l'excès en protéine de la glèbe (le transgénique transforme la matière organique elle-même): c'est la mortification annoncée... Si vous voulez combattre des aspects moins "sympathiques" de N. Sarko, par exemple les descentes de police dans les communautés fondamentalistes sous couvert de leur possible activisme, et pour répondre aux pressions anglo-américaines, ce n'est pas comme ça qu'il faut s'y prendre. Au contraire, l'affirmation communautariste pour identitaire monte les sociétés en ghettos, par accumulation de ceux qui se singularisent contre la plus large communauté environnante, dans les endroits qui le permettent, et désertion de ceux qui ne l'acceptent pas ; elle mène à l'assignation ou spécialisation locale des écoles comme des quartiers et la loi des plus riches à en profiter pour se donner un cadre de protection. Et les technocraties ou oligarchies à mener leur réformes en bonne continuité en dépit des élections. Une des grandes bagarres syndicales dans l'enseignement actuellement est que toutes lles écoles et les enseignements s'équivalent et que les élèves comme les professeurs puissent migrer en cours d'éducation ou d'enseignement : ce genre de comportement démago et opportuniste sur les questions communautaires dans le domaine public fera lettre oubliée de ce principe de libre circulation des savoirs et des personnes. C'est déjà une lutte secondaire, alors qu'elle devrait être au premier plan du programme et du combat de l'école publique laïque. Ce n'est pas une question d'opinion c'est une question de raisonnement élargi ‹ utiliser le racisme dans cette querelle est maladroit, aussi grave sans en avoir l'air que d'avoir cessé d'appeler à manifester à la fin de la guerre d'irak, sous prétexte de "peur" d'antisémitisme, quand pour l'éviter il suffisait de prévoir des services d'ordre à cet effet. Les militants juifs du "pour deux Etats en Palestine" ont-ils cessé le combat même s'ils furent par deux fois victimes d'agressions en cours de manifestation l'an passé et cette année ? A-t'on, par exemple, jamais entendu dire que s'opposer au développement des milices d'extrême droite, en appelant à manifester contre l'extrême-droite, n'était plus concevable (du moins tant que l'extrême droite n'est pas au pouvoir et que les manifestations contre demeureraient donc possibles) ? Moi au contraire, on m'a appris qu'il ne faut pas laisser la rue, pas un pavé pour le pas de l'extrême-droite... Mettez le voile à l'école et vous verrez le dynamisme de l'école publique déjà bien atteint sur le plan de l'égalité des chances, définitivement au panier. Le voile islamique est une affaire de croyance et de propagande de la croyance, ce n'est pas l'inscription d'un acte solidaire, le croirait-on. Quant à l'école laïque publique elle n'a pas besoin qu'on croie en elle car ce n'est pas une religion ; c'est un service solidaire au service de la connaissance, de l'éducation en société, et du progrès vers l'égalité des chances dans un cadre compétitif possible ‹ et nécessaire mieux que l'aumône. Vers l'autonomie singulière. Par contre, l'école laïque publique a besoin d'actes pour la défendre, au moment même où les grandes conventions mondiales ont prévu de la faire disparaître. Non au ghettos. Oui à la solidarité critique. Oui à la liberté raisonnée de la libre circulation et des altérités sans assignation des territoires par les communautés de la croyance ou du pouvoir. Pardonnez-moi Michel, si la colère me gagne. Louise Desrenards ______________________________________________________ De : Michel COLLON <michel.collon@skynet.be> Date : Fri, 20 Jun 2003 09:12:52 +0200 À : (...) Objet : [nettime-fr] B38 Athée convaincu, j'irai à la manif du foulard Pourquoi, athée convaincu, j¹irai à la manif du foulardŠ Un abondant courrier et de vives discussions ont suivi mon mail d¹il y a trois jours, relayant l¹appel de jeunes femmes musulmanes de Bruxelles : «Le Collectif " TOUCHE PAS A MON FOULARD ! " vous invite à manifester votre indignation quant au traitement dégradant dont sont victimes les jeunes filles portant le foulard, renvoyées des écoles, interdites d'études, humiliées dans l'expression la plus intime et la plus naturelle de leurs convictions religieuses personnelles. » Le foulard ou le racisme ? Plusieurs amis progressistes ont réagi, parfois avec colère, allant jusqu¹à m¹accuser de m¹aligner sur « une idéologie islamiste » et de nier l¹analyse critique que Marx faisait de la religion. Selon la plupart des critiques, le respect de l¹école laïque implique d¹imposer à ces jeunes filles d¹enlever leurs voiles sous peine d¹exclusion. Bien que n¹étant nullement un spécialiste de cette question, j¹aimerais expliquer pourquoi je pense que ces amis se trompent. Et pourquoi personnellement, étant et restant un athée convaincu, j¹irai cependant à cette manifestation en solidarité avec ces jeunes filles contre la discrimination et la répression. Pour moi, le grand problème, ce n¹est pas le foulard, mais le racisme. Et l¹actuelle attaque raciste fait partie d¹une campagne de diabolisation des Arabes et des musulmans. Cette diabolisation sert les préparatifs de guerres de Monsieur Bush. Dont les objectifs sont : 1° Recoloniser et dominer l¹ensemble du monde musulman, pour faire main basse sur tout le pétrole du monde et en priver ses rivaux économiques. 2° Ecraser la contestation croissante face à l¹ordre injuste de ses multinationales qui appauvrissent la majorité de la planète. L¹impérialisme US menace toute la planète. Après la Yougoslavie, l¹Afghanistan et l¹Irak, ses prochaines cibles seront l¹Iran, la Syrie, la Corée du Nord, CubaŠ Et à terme la Chine. Face à ce danger colossal, il est urgent que tous les progressistes et tous les gens épris de paix forment un grand front international de résistance à la guerre. Et à la préparation psychologique qui l¹accompagne : le racisme et les campagnes de diabolisation frappant tous les pays, tous les peuples visés. L¹essentiel : combattre la guerre ensemble Le corollaire des guerres menées là-bas, c¹est le racisme anti-arabe ici. Les classes dominantes de nos pays veulent bien des immigrés qui leur rapportent économiquement, mais leur refusent l¹égalité des droits. Pourquoi ? Pour les empêcher de résister à l¹exploitation. Qu¹ils restent des citoyens de seconde ou de troisième classe. En France, particulièrement, les jeunes dits « des banlieues » subissent une négation totale de leurs droits. Cette division affaiblit la résistance commune, aussi bien face à l¹exploitation des travailleurs ici que face au déclenchement des guerres là-bas. Au lieu de chipoter sur le foulard, on ferait bien mieux de se battre énergiquement pour le droit de vote pour tous et le respect des droits sociaux de tous. Nos classes dominantes, laïques ou non, n¹appliquent toujours pas leurs propres principes constitutionnels en refusant le droit de vote à une large frange de la population. Le problème, ce n¹est pas le foulard. Plusieurs professeurs français ont écrit récemment : « Ce foulard recouvre des réalités diverses, et nous avons des appréciations diverses, voire divergentes, de sa signification ; mais nous sommes tous d'accord pour estimer que, dans tous les cas (que le foulard soit imposé aux jeunes filles ou qu'il résulte d'un choix), l'exclusion est la pire des solutions. Nous ne sommes pas des «partisans du voile» ; nous sommes simplement partisans d'une école laïque qui oeuvre à l'émancipation de tous, et non à l'exclusion. Car la laïcité, telle que la définissent les lois de 1881, 1882 et 1886, est une obligation qui concerne les locaux, les programmes scolaires et le personnel enseignant, et non les élèves. Aux élèves s'imposent des règles comme l'assiduité à tous les cours ou le respect d'autrui, mais il n'est pas légitime de multiplier les exigences pour des jeunes en formation, qui viennent à l'école précisément pour apprendre, se former et se transformer surtout si ces exigences n'ont aucune nécessité du point de vue du fonctionnement de l'école. Nous sommes plusieurs à côtoyer ou à avoir côtoyé ces élèves voilées dans des établissements scolaires, et nous témoignons qu'à aucun moment leur présence n'a empêché les enseignants d'enseigner, ni les élèves ou les étudiants d'étudier. » (Libération, 20 mai 03) On est en effet en pleine discrimination. Personne ne propose d¹interdire l¹accès à l¹école aux jeunes qui afficheraient une croix chrétienne à leur boutonnière ou en bijou, ou d¹autres insignes semblables. Ce sont bien les musulmans qui sont visés. Notre intérêt à tous est d¹empêcher qu¹on nous divise. Si vraiment nous cherchons à construire un front de résistance à la guerre, quelle question devons-nous mettre en avant : nos différences sur la religion ou notre rejet commun de l¹impérialisme guerrier ? Athées, chrétiens, musulmans, nous devons apprendre à nous unir et à travailler ensemble car notre époque exige réellement une mobilisation totale. Cela veut dire en premier lieu qu¹il faut apprendre à se connaître, à se comprendre. Certains de mes contradicteurs semblent n¹avoir jamais discuté avec de jeunes musulmans ou musulmanes. S¹ouvrir et se comprendre Dans la gauche européenne, on n¹a pas fait assez d¹efforts (et parfois même pas du tout), pour donner aux immigrés arabes la place qui leur revient. En Belgique, en France, et dans d¹autres pays, les jeunes Arabes représentent une partie très importante, et très exploitée, de la classe ouvrière. Ils représentent aussi une part croissante des intellectuels. Ces jeunes Arabes ont un rôle important à jouer dans les combats d¹aujourd¹hui. Pour convaincre les Européens ³d¹origine² que les guerres de colonisation les attaquent eux aussi. Quand une multinationale colonise un pays pour en piller les richesses, sa guerre fait le malheur des populations du tiers monde. Mais quand la même multinationale délocalise afin de profiter des super-profits qu¹elle a pu ainsi se créer, elle renforce ici le chômage et la misère. La guerre sociale et la guerre tout court sont deux faces de la même pièce. Ce rôle d¹explication et de solidarité concrète, les jeunes d¹origine arabe doivent et peuvent le jouer. Je l¹ai constaté dans mon expérience pratique. Ayant donné de nombreuses conférences ou formations scolaires et autres sur ces thèmes, j¹ai été frappé de voir combien les jeunes d¹origine arabe comprenaient mieux les véritables objectifs des guerres menées par les Etats-Unis au Moyen-Orient. Combien ils étaient d¹office méfiants envers la propagande médiatique. Ces derniers temps, j¹ai eu plusieurs occasions de parler à l¹invitation de communautés musulmanes. J¹ai constaté, dans toutes les générations, mais particulièrement chez les jeunes, un intérêt, une ouverture, une volonté d¹action remarquables. Je parlais récemment dans le cadre d¹un rassemblement islamique. J¹avais bien sûr été frappé de voir les hommes et les femmes occuper des moitiés séparées de l¹auditoire. Environ les trois quarts des femmes portaient le voile. Après de tels débats, un grand nombre de personnes s¹approchent toujours de la tribune pour prendre un renseignement, échanger des adresses ou informer sur leurs activités. Tout en parlant, je m¹étais fait la réflexion: « Certainement, dans une telle assemblée, ce seront les hommes qui viendront me trouver après mon exposé ! » Autant pour moi et mes préjugés ! Des deux côtés, on était venu extrêmement nombreux pour me parler. Avec une légère majorité du côté des femmes. Et des conversations très spontanées, très ouvertes, très enrichissantes. Foulard ou pas. Cette expérience, et d¹autres, m¹ont appris que chacun de nous ferait bien de laisser ses préjugés au vestiaire. La gauche européenne doit quitter son « eurocentrisme » qui la fait se prendre pour le centre du monde et des valeurs. Unir pour résister Nous devons absolument lutter ensemble. La religion, pour moi, doit rester une affaire personnelle, privée, et il faut empêcher toute discrimination. C¹est en se battant pour faire respecter les droits des plus discriminés qu¹on renforcera la compréhension mutuelle, les droits de tous et le front anti-guerre. L¹expérience pratique dans le combat commun montrera bien quelles idées permettent de résoudre les problèmes de la société et la libération de l¹humanité. A condition de mener le combat ensemble et de ne pas l¹empêcher par des exclusives. Ce sont les grandes puissances coloniales qui ont toujours joué sur les divisions religieuses, nationales, etc: en Palestine, en Yougoslavie, en Irlande, en Afrique, partout. « Diviser pour régner ». La devise de la gauche ne peut être que « Unir pour résister ». C¹est pourquoi j¹irai manifester dimanche avec ces jeunes femmes. MICHEL COLLON Manifestation 22 juin à 14 heures, à 1000 Bruxelles, place Rouppe. Bibliographie : Comment Marx et d¹autres communistes considèrent ils la question de la religion ? D¹une façon plus complexe qu¹on ne le croit souvent : je recommande le récent numéro de la revue Etudes marxistes : « Communistes, musulmans et chrétiens : la religion entre progrès et oppression » 7Euros 50 Commandes : www.marx.be
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