xavier cahen on Mon, 23 Feb 2004 19:14:18 +0100 (CET)


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RE : [nettime-fr] Comment dire ?


Merci de votre développement

Je réponds dans le message


Objet : Re: [nettime-fr] Comment dire ?

 

 

Je pense que dans les conditions actuelles, après des années de subventions

et d'aides d'état, les artistes ont perdu leur indépendance face aux

institutions.Ces institutions et les personnes responsables ont imposé leur

vue et opinion dans un but stratégique, obtenir ou rester en place, au

pouvoir.

 

>C'est une part de vérité, mais il y a tous les autres artistes qui n'ont pas de rapport avec elles, ou qui les condamnent et parfois même qui les fuit (ce qui est plus rare, je vous l'accorde).

La question était : Comment dire que ceux qui vivent de leur art sont des imposteurs ?

Cette question est typiquement de l'ordre du discours de l'art contemporain...

Je ne vois absolument aucune imposture au fait que les artistes gagnent de l'argent avec leurs œuvres en les vendant, il semble que cette problématique ne concerne que l'art contemporain (arts plastiques), cela ne fait pas de larges débats chez les acteurs, les musiciens, les comédiens... Pourquoi?

L'art qu'ils font n'est pas de l’art?

Si l'artiste vend aux individus, on le traite de capitaliste, s'il vend aux institutions, de récupéré, de politique, voir de royaliste.

N'avez-vous jamais vendu une œuvre?

Qu'avez-vous éprouvé? Cette vente vous a t-elle asservie ?

Parce que cette oeuvre est vendue, celle-ci change t-elle obligatoirement de statut?

de qualité?

de sens ?

 

 

Comment accepter d'exposer dans un lieu tel que la collection Lambert

d'Avignon, largement soutenue par la mairie UMP, madame Roig étant une

Grande amie du président J Chirac ? Ce lieu jouxte l'école des Beaux-arts

mais il n'y a aucune ouverture, ni discussion (si ce n'est pour

instrumentaliser les étudiants afin de réaliser les accrochages des artistes

choisis). L'attitude de dénigrement vis-à-vis des étudiants et de l'école me

ferait presque rire si les moyens financiers alloués à cet espace privé ne

frisaient pas l'indécence.

 

>Il serait temps de constater que l'art et ses réseaux sont politiques...

Ce n'est pas une découverte qu'il existe un art bourgeois, internationaliste, ouvrier (en voie de disparition), etc...

 

>La question serait plutôt :

L'art a t-il les moyens d'échapper au politique ?

 

 

Ce qui est surprenant c'est que les étudiants se prêtent au jeu, ils

plongent tête baissée dans ce système en rêvant d'être un jour parmi les

élus exposés...

 

>je cois que de souhaiter être reconnu pour ses idées ou d'être aimé pour son œuvre est plutôt sein et humain, la question est de savoir à quel prix...

Ce qu'il faut enseigner, c'est l'autonomie d'analyse, celle qui naît des débats et des échanges et non des discours préconçus, on peut être de droite, dans un centre d'art, ou dans un musée et avoir réalisé une œuvre intéressante... même si cela contrarie fortement notre propre position politique...

 

 

L'Art Contemporain ne surprend plus, attention je parle de l'Art

Contemporain en tant que genre, et il clair aujourd'hui que c'est un

académisme.

 

Je pose la question, comment faire pour ne pas participer à cette mascarade

qui ne sert finalement qu'à engraisser ceux qui étaient déjà riches et ceux

qui sont les tenants du pouvoir culturel ?

 

Il me semble qu'il est nécessaire de sortir du confort des "lieux vivants",

des "actions culturelles" et autres "médiations culturelles" plus soucieuses

de leur répercussion médiatique que de la mise en place d'une réelle

critique vivante et aiguisée.

 

>Je crois que s’il est indéniable que l'artiste est la pierre (première) qui fonde l'édifice, il est difficile de se passer de la médiation, des critiques, et autres activités tournant autour de la diffusion...

Une œuvre sans médiation, sans environnement, ne semble t-elle pas moins lisible?

 

>Il me semble que l’artiste n'est pas forcement le meilleur critique ou le meilleur médiateur surtout s'il s'agit de son œuvre...

Cependant, ce qu’il faut constater aujourd’hui c’est qu’il est exclu systématiquement des activités de sélection et de programmation… Ce qui est une situation injustifiable.

 

 

Je pense que c'est aux artistes de s'engager et de se maintenir "en éveil"

par une volonté d'autonomie, c'est-à-dire, que leur création ne soit pas

leur moyen de subsistance, mais leur moyen de lutte et d'expression, en

exerçant une autre activité, en parallèle.

 

 

>Oui, c'est aux artistes de se maintenir en éveil, mais la définition que vous fournissez de ce que doit être l'art, proche des discours des avants-gardes et parfois des institutions, ne défini qu'un type précis d'art, et non l'art... Il est normal que l'art soit plus complexe et plus différencié que ces seuls propos…

 

>Enfin, tout ceci ne justifie pas que l'art ne soit pas le moyen pour les artistes de subsistance, c'est lobotomiser les artistes et leur capacité de subversion.

 

>Comment l’artiste a t-il fait auparavant ? n'y avait-il pas d'art avant l'arrivée du capitalisme et du ministère de la culture ?

 

>Pour conclure, aujourd'hui la grande majorité des artistes ont un autre moyen de subsistance que celui de l'art, c’est une obligation (enseignement au service de l'état, de la région, de la municipalité, postier etc… souvent par carence et non par choix, c'est ici que se trouve notre liberté...) sauf pour quelques rentiers...

 

>Finalement, comble de l’ironie, la réalité rejoint votre discours, donc tout est parfait, vive la double activité qui permet l'émergence des artistes, de l'art, du vrai et bon art...

 

>Ce qu'il faudrait dire et qui me semble plus juste et moins empreint d’une posture esthétique, c'est qu'il est plus confortable et moins risqué pour un artiste d'avoir une double activité, mais que celle-ci se fait souvent au détriment du temps qu'il consacre à la création ou à la fréquentation des réseaux de diffusion.

 

>Que parfois ce double emploi le prive d'opportunités, mais que le succès dans l'art est comme la mode, fugace et qu'il ne dure que très rarement...

Que la création est rarement un flot constant 24 heures sur 24 pendant toute la vie, qu'il permet souvent aux artistes de s'intéresser à d'autres activités, que c'est aussi une forme d’intérêt et d'observation pour le monde qui l'entoure et que cela peut nourrir indirectement son œuvre, ou ses rencontres.

 

Très cordialement

Xavier

 

Voilà un peu plus de "Comment dire", Cordialement, Lionel Broye.

 

 

From: "xavier cahen" <cahen.x@levels9.com>

To: <lionelbroye@wanadoo.fr>; <nettime-fr@samizdat.net>

Sent: Sunday, February 22, 2004 4:11 PM

Subject: RE : [nettime-fr] Comment dire ?

 

 

lionelbroye@wanadoo.fr a écrit :

 

>Comment dire que ceux qui vivent de leur art sont des imposteurs ?

>Il y a tant de choses à dire.

 

Merci d'avoir la gentillesse de développer le sujet ? Pourquoi?

 

Cordialement

Xavier Cahen

 

 

-----Message d'origine-----

De : lionelbroye@wanadoo.fr [mailto:lionelbroye@wanadoo.fr]

Envoyé : dimanche 22 février 2004 13:50

À : nettime-fr@samizdat.net

Objet : [nettime-fr] Comment dire ?

 

Comment dire que l'Art Contemporain m'ennui ?

Comment dire que le classiscisme des évennements artistiques de type

biennale m'ennui ?

Comment dire que les artistes qui y participent sont des jouets

inoffensifs à la solde d'une bourgeoisie capitaliste ?

Comment dire que ceux qui vivent du commerce de l'art sont des

imposteurs ?

Comment dire que ceux qui vivent de leur art sont des imposteurs ?

 

Il y a tant de choses à dire.

 

 

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