[nettime-fr] Sur la rumeur du RER : L'AFP qu'est-ce que c'est ? qu'est-ce qu'elle fait ?

["Louise Desrenards" <louise.desrenards@free.fr>]

Sur la rumeur de l'attentat raciste inter-racial dans le RER, en pleine
période de danger raciste accroché à l 'actualité, en effet :

La manipulation de la soi-disant victime - ou son engagement dans une
organisation raciste pour laquelle elle aurait agi - sont certainement deux
hypothèses à retenir, au moins autant que celle de la mythomanie (comme
symptôme), ce qui fait trois et peut-être la clé de l'affaire va-t'elle par
deux...

L'hypothèse de la manipulation paraît probable ; l'AFP aurait été informée
avant même que la police n'ait réalisé son enquête, puisque la dépêche avait
été publiée avant et sans s'assortir du conditionnel. Manipulation ?
Manipulation par désinformation qu'elle fut opportune ou erronée, en tout
état de cause.

Manque de professionnalisme de l'AFP, ou obéissance à des puissances qui ont
intérêt à accroître le sentiment d'insécurité et la fracture sociale en
accablant la pauvreté ou l'altérité de délinquance infinie ? Pour justifier
les lois sécuritaires de la justice, de la police et renforcer le matériel
des armées ? Il faut reconnaître sur le plan sémiotique qu'ici la stratégie
des signes était parfaite...

De plus, nous devons nous édifier de ce que la façade de l'AFP soit une
vitrine internationale. Ses dépêches sur nos comportements locaux nous
spécifient et nous communiquent comme tels à la fenêtre du monde.

C'est un jeu ou une irresponsabilité, à voir - mais en effet, nous ne
saurons jamais ce qui a édifié cette rumeur en amont, sauf à la prochaine
venant de l'AFP et réveillant nos doutes ; nous sommes pris en otage comme
peuple s'y trouvant représenté et communiqué, ou appelé à réagir.

C'est le troisième acte contre l'éthique et la déontologie, ou relevant de
fautes professionnelles, émergents de l'AFP et repérables par le public
depuis un an : en outre de cette affaire, les rumeurs des attentats AZF
spécifiquement fondées par des communications entre les présumés terroristes
(les services secrets français ?) et l'AFP - finalement le même nombre de
bombes ferroviaires explosa en Espagne et à l'intérieur des trains - erreur
ou voulait-on profiter de l'information secrète à la marge ? L'ellipse
radicale de la manifestation anti-Bush qui défila pendant trois heures à
Paris, après le grand rassemblement syndical, la veille de la célébration du
débarquement en Normandie, explique que peu de journaux ayant des envoyés
sur place, puisque c'était un week-end, aucune information dans la plupart
des journaux, même dans Libé, ne parut à ce sujet. L'ordinaire est que si la
dépêche de l'AFP n'existe pas : l'événement n'existe pas davantage à la
fenêtre des médias ; c'est clair mais alarmant. Mais il se trouve qu'aux
yeux des médias du monde entier l'accueil de Bush en France n'avait pas
convoqué de protestation populaire...

Etait-ce vraiment par hasard ? Libé et Le monde étaient-ils dans le respect
du consensus initié, ou largués par leur métajournalisme pragmatique qui
prend les dépêches pour argent comptant, sans les confronter à l'épreuve des
sources ?

Comme il s'agit en l'AFP d'une agence française quasiment monopolistique en
France et dans le monde, signant des contrats avec des holdings étrangers -
bien sûr pas avec les agences concurrentes seraient-elles aussi sous
influence, pour la plupart bien meilleures aujourd'hui, de toutes façons -
pour économiser des journalistes français à l'étranger : franchement il y a
de quoi s'inquiéter des différentes pressions qui pourraient soulever les
choix d'infos de cette agence à l'avenir, en plus de qui la détient ici en
principal et dans quel réseau : marchands d'armes - intégré le président du
MEDEF - sans consort.

Jeu, irresponsabilité, intérêts politiques, économie rentable, dangereux -
entraînant des conséquences graves voir criminelles couvertes par les
alliances du pouvoir ? Où l'on agit le faux crime pour prédire le vrai ?
Récession de l'information par rétention économique du personnel ? Tout cela
marche très bien avec la possibilité du contrôle recherché - y compris la
raréfaction du personnel.

SCANDALEUX.

Peut-être que sommes-nous parvenus au temps où les journaux et journalistes
indépendants - il en reste peu ou quasi -, monteront entre eux une agence de
presse associative dynamique dans le monde, fonctionnant par réseau réputé
fiable, fort d'un comité d'éthique pour veiller à la qualité critique des
engagements singuliers sur place, a posteriori ? Une para-agence avec un
comité de veille ?

Si les concentrations dans les médias français devaient perdurer entre les
mains des marchands d'armes et aux muselières de la vox populi non
"populisticienne", il est probable qu'on assistera prochainement à ce genre
d'innovation, visant à produire des informations libres et éprouvées aux
sources, y compris sur le plan éthique des choix - vérifiables ou
discutables auprès des producteurs de ces informations, par ceux qui en
utiliseraient non aveuglément les dépêches - ; ceci à vocation de la grande
presse, mais émanant de partie de cette presse elle-même, sinon cette agence
trans-nationale serait vouée aux alternatifs (alors qu'ils tiennent déjà
leurs propres réseaux). Des réseaux interférents sans emprise
d'organisations, peut-être ? saurait-on tenir assez de rigueur critique de
nos propres idéologies, à l'effet unitaire de la multitude à l'acte, au-delà
des intérêts de pouvoirs communautaristes ?

Les temps qui viennent seront passionnants de toutes façons. Quand le doute
entre dans la vie publique culturelle, la conscience renaît, bien
évidemment - puisque la conscience ne peut s'exercer qu'à partir du doute,
comme dit l'autre.




 
 
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