agnès de cayeux on Thu, 28 Oct 2004 01:29:45 +0200 (CEST) |
[Date Prev] [Date Next] [Thread Prev] [Thread Next] [Date Index] [Thread Index]
Re: [nettime-fr] Prototypes 2004 15, 16, 17, 18 nov - paris TPV |
b a i s e r
-------------------------------------------
-------------------------------------------
installation littéraire vidéo/chat sur internet pour une femme
spatialisation sonor, musique : Olivier Chauvin.
assistante : Hélène Ducharne
femmes : Delphine Léonard, Alexandra Castellon, Isabelle Duperray, Aurélie Namur.
captation portraits : Agathe Benoit
"Fenêtre" texte de Guadalupe Nettel traduit de l'espagnol (Mexique) par Svetlana Doubin
chambre de discussion littéraire vidéo/chat sur internet
conception : Agnès de Cayeux
développement : David Dereadt et Vincent Maitray
environnement sonore : Olivier Chauvin
"Fenêtre" texte de Guadalupe Nettel traduit de l'espagnol (Mexique) par Svetlana Doubin, voix : Sarah Pratt
b a i s e r
installation vidéo, sonore, littéraire et interactive
dispositif : Agnès de Cayeux
environnement sonore et musique : Olivier Chauvin
dispositif optique : Christophe Hubert
programme captation : Alain Bonardi
assistante : Hélène Ducharne
textes extraits de
Qui est l'autre connecté ? Que peut nous promettre ce réseau, ce sous réseau, celui qui charnellement nous lie de machine à machine. De quelle nature est ce lien ?
Prototypes 2004 questionne l'expérience. Les 3 objets présentés envisagent le visiteur comme une donnée dont la principale propriété est le flux. De ce théâtre où nous investissons le hors scène - 2 pièces attenantes aux salles de spectacle vides - jusqu'au réseau internet où nous proposons une chambre de discussion vidéo chat, le visiteur passe. C'est ce passage qui m'intéresse. Cette captation du sensible.
A travers Prototypes 2004, je dépose pour la première fois deux objets hors du réseau internet. Le choix de ceux-ci dans un théâtre n'est pas innocent. Les matériaux qui constituent ces objets (un texte oralisé, la présence réelle d'une femme, une structure sonore, une scénographie) pourraient être prétexte à un "spectacle vivant" et nous engager vers la construction d'une fable, d'une dramaturgie théâtrale, mais le geste est tout autre, il initie une perception fondée sur la simultanéité d'éléments délocalisés. La femme de IN MY ROOM n'interprète pas, elle est déposée sur un socle et sa fonction est la production d'images non traitées. Son double numérique, sur BAISER, dont le visiteur active les poses est la seule représentation féminine capable de se mouvoir, de s'émouvoir. Le récit "fenêtre" de Guadalupe Nettel peut produire une émotion sur le réseau, tandis que pour l'objet off line cette fonction est perturbée par une structure sonore composée de fréquences basses. Les trois objets sont autonomes et ici présentés dans un temps simultané.
Agnès de Cayeux
PRESSE -------------------------------------------I'm just married
Numériques Digitales Site/théâtre " La navigation des caresses "
Par Annick RIVOIRE Libération vendredi 21 février 2003
La meilleure façon de cliquer, selon Agnès de Cayeux, n'est pas la plus directe. Sa toute nouvelle "pièce numérique" est encore plus spéciale que les précédents fragments libres dont elle s'est fait une spécialité, entre mise en scène multimédia et saynètes librement adaptées d'auteurs contemporains. Atypique, la frêle Agnès de Cayeux, qui connaît le Net comme sa poche, scrute les petites habitudes de ceux qui y perdent beaucoup de temps, se passionne pour l'intime, le secret, l'invisible, sentiments rarement abordés dans la création numérique. I'm just married, sa dernière réalisation, contraint l'internaute à des agissements presque inavouables, de ceux qu'on réserve généralement à l'intimité des alcôves.
Parfum suranné. La seule navigation possible dans l'image floutée qui s'affiche à l'écran, "ce n'est pas le clic, mais le frôlement", prévient-elle d'entrée de jeu. Et frôler n'est pas tâtonner : là où la plupart des sites masquent les zones interactives façon jeu de pistes, I'm just married n'évolue qu'à la caresse, pour sortir des boucles sonores et visuelles. Le flouté se fait plus précis, on devine derrière cette trame des formes féminines. Abandon, soumission, postures sexuelles... Les images en fondu enchaîné (toutes issues de téléfilms roses et CD-Rom de cul) se chevauchent, dessinent un paysage érotique jamais vulgaire. Impossible d'y trouver référence à l'imagerie porno la plus répandue sur l'Internet, ni d'y voir le pendant numérique des déballages crus d'Ovidie et autres Catherine Millet. C'est pourtant un peu à cause d'elles qu'Agnès de Cayeux s'est lancée. Pour ajouter une contribution au débat sur la violence du sexe à l'image ou la libération sexuelle enfin assumée des femmes. Après Koltès (Douze notes, sa première mise en scène d'un texte pour le Net) ou Jean-François Peyret (qu'elle accompagne dans ses créations théâtrales depuis quelques années), Agnès de Cayeux est allée chercher du côté d'auteurs plus anciens. Avec l'aide de Jacques Cotin, éditeur passionné de textes érotiques (il a créé en 1996 la collection "Le Pavillon des corps curieux", aux éditions Philippe Picquier), elle s'est plongée dans son Dictionnaire des postures amoureuses, dont sont tirées les définitions qui émaillent la navigation d'I'm just married. Des textes très crus, au parfum suranné : "Foutre en levrette est une façon très jolie et très agréable de pratiquer l'amour et nous ajouterons très utile et d'une grande ressource. Vous enfilez le con et vous voyez les fesses et le cul (...)."
Clinique et suggestif. La voix féminine, qui énonce ces définitions, le fait d'un ton clinique et suggestif à la fois. "Une voix d'alcôve, une voix de nuit, une voix de corps qui se font l'amour ou qui se disent comment ils se vont le faire, l'amour", juge Jacques Cotin. S'ajoute la composition musicale d'Olivier Chauvin, qui s'est, lui aussi, plié aux contraintes : gare aux "types qui réagissent comme sur des sites de cul" et affolent un peu trop leur souris, prévient Agnès de sa voix doucement feutrée, le volume, le brouhaha envahiront l'espace, les images tourneront en boucle, si bien qu'ils n'en sortiront pas... "C'est un appel à l'intime", reconnaît-elle. Du sexe oui, mais ni en cyber-combis, ni en porno trash. Juste une invite à l'effleurement numérique...
Annick Rivoire
Le dossier prototypes 2004 est disponible en ligne :
http://www.not2be.net/dos