Patrice Riemens on Fri, 12 Oct 2001 12:21:01 +0200 (CEST) |
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[Nettime-nl] Jean Terrier: retour sur Genes (fwdfyi) |
Voor een keer een text in het Frans op nettime-nl. Het bespreekt drie recente films over de gebeurtenissen rond de G8-top en gaat over de na-ween van 'Genua', wat aardig aansluit op de discussie hierover, ook in Nederland. Text afkomstig, met toestemming, van de Multitudes lijst, van het gelijknamige (erg goede) kwartaalschrift: (http://www.samizdat.net/multitudes) -------------------------------------- Date: Fri, 12 Oct 2001 10:14:58 +0000 CC: "Liste Multitudes Infos <"<multitudes-infos@samizdat.net> Subject: [multitudes_l] Texte de Jean Terrier: retour sur Gênes cher.e.s multiples petit retour sur gênes, au vu des nouveautés récentes en italie. en italie sont sortis ce derniers jours 3 films, autant de documents qui permettent de comprendre plus avant les événements dramatiques survenus à gênes en juillet. l'un a été réalisé par indymedia italia, l'autre par le gsf lui-même, en collaboration avec la presse de gauche italienne, et le dernier est un film de davide ferraio, réalisateur italien bien connu, qui a notamment signé il y a quelques années 'tutti giu per terra' (tous par terre) un film fameux et hilarant sur les problèmes et les espoirs de la jeunesse italienne. le film d'indymedia se concentre sur les témoignages de manifestant.e.s brutalisé.e.s par la police, avec notamment un long passage sur la scuola diaz. si les témoignages sont horrifiants, ils renforcent surtout les impressions que l'on pouvait avoir et donnent de la substance à la dénonciation de la violence policière, plutôt que de faire savoir des choses nouvelles. je n'ai pas vu le film du gsf qui est sorti aujourd'hui, mais je vous en dis plus dès que je l'aurai visionné, si du nouveau apparaît. le film de davide ferraio a d'abord été projetté au sénat italien devant la commission d'enquête sur les événements de gênes (dans l'indifférence de la droite). je l'ai vu hier en première diffusion publique et en présence du réalisateur. il est composé de trois parties, l'une sur le 'black block', l'autre sur la répression policière du vendredi après-midi qui débouche sur la mort de giuliani, et la dernière sur l'attaque de la manifestation du samedi (donc le film laisse complètement de côté l'histoire de la scuola diaz). pour faire le film ferraio a eu accès à des rushes exceptionnels, y compris (une partie de) ceux de la police. le film se veut une reconstitution des événements sur le plan 'macro', presque comme on présente une bataille dans les cours de stratégie militaire... peu de place ou aucune est laisée aux témoignages des manifestants ou des flics, ce qui peut constituer une faiblesse. notamment la partie sur les black block, qui vise à montrer comment la police a laissé faire, et comment elle a infiltré (deux scènes montrent l'infiltration de manière nette), n'est pas d'une clarté totale et on aurait voulu en savoir plus sur les différents groupes en présence, les revendications, les raisons, le nombre, etc. la partie sur l'attaque du cortège du samedi est intéressante, même si elle n'apporte rien de radicalement nouveau. en revanche, la deuxième partie sur le vendredi après-midi est hallucinante, d'une clarté et d'une force de dénonciation totales, et apporte vraiment des éléments de compréhension supplémentaires. on voit que - en début d'après-midi la police a bloqué d'abord, dispersé brutalement ensuite et sans raison le cortège de la désobéissance civile qui se trouvait encore à 500 mètres de la zone interdite, alors que le cortège ne faisait 'qu'avancer' (j'entends n'était ni en train de construire des barricades, ni en train de brûler des voitures, ni en train de démolir des vitrines) - les policiers ont d'emblée commencé (comme ils le feront à nouveau le samedi) à utiliser les lacrymogènes, souvent tirés à l'horizontale sur la foule, sans passer par l'usage des canons à eau (et ceci malgré les réglements usuels de la police, ce qui suggère que la police a reçu des 'passe-droit' des autorités supérieures, entendez: le gouvernement; il semble d'ailleurs que certains hommes politiques de la droite italienne, y compris des députés, étaient présent dans la QG des carabiniers pendant la journée de samedi) - les policiers ont, a partir d'un certain moment, lancé à pleine vitesse des blindés sur la foule (à mettre en rapport avec le cas de cette manifestante écrasée ce vendredi, et gravement blessée) ainsi que des fourgons de police - les policiers, après s'être heurtés aux résistances de la foule, ont abandonné certains fourgons qui ont été ensuite démontés par les manifestant.e.s en colère et terrifié.e.s - juste à côté se trouve la piazza almondida où a été assassiné guiliani. dans ce contexte la question de savoir qui a le droit de se sentir en situation de 'légitime défense' se pose en termes différents. on a une attaque violente contre des manifestants pacifiques, y compris tentatives de percer la foule avec des véhicules lancés à pleine vitesse. on a des tentatives de retraite hâtive de certaines forces de police encerclées par les manifestant.e.s. on a, prise dans ce désordre, une voiture de carabiniers attaquée par les manifestant.e.s et d'où, semble-t-il (cf. témoignage anonyme d'un carabinier sur indymedia), est lancé vers la foule alentour un extincteur de 25 kilos. c'est à ce moment que giulani ramasse l'extincteur et le brandit, juste avant de recevoir une balle en pleine tête. je crois que les faits parlent d'eux-mêmes. la police, avec l'aval présumé du gouvernement berlusconi, a d'emblée suscité un climat de terreur pour légitimer la voie de la répression extrême. la signification de gênes c'est donc, outre l'apparition massive du pouvoir multitudinaire, la démonstration que les nouvelles alliances passées entre droite et droite extrême dans certains pays (italie, autriche, suisse) et donc la naissance de ce que l'on pourrait appeller une 'stratégie de droite plurielle', s'accompagnent d'un choix clair et délibéré en faveur de l'option répressive dans la gestion du conflit social. jean ________________________________________________ Jean Terrier Department of Social and Political Sciences European University Institute Via dei Roccettini 9 50016 San Domenico di Fiesole (FI) Italy . ______________________________________________________ * Verspreid via nettime-nl. 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