stefan rusu on Thu, 11 Mar 2010 18:35:42 +0100 (CET)


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[Nettime-ro] Drifting Identity Station_Centre International d’Accueil et d’Echanges des Récollets, Paris


Press-release



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“Drifting Identity Station”


Vernissage : mardi 16 mars à 18h

Lieu : Centre International d’Accueil et d’Echanges des Récollets, Paris

Adresse : 150-154 rue du Faubourg St Martin - 75010 Paris

Period: 16-26 Mars

Tél. : +33 1 53 26 21 83 / Mobile : +33 6 18 86 58 48

Web site: http://www.international-recollets-paris.org


Ouvert tous les jours de 10h à 12h30 et de 14h30 à 18h.


Liste des chercheurs participant à ce projet:

John Davis/artiste média, Veceslav Druta/artiste visuel, Octavian
Esanu/artiste, historien de l’art, Tilmann Meyer-Faje/artiste visuel, Petru
Negura/sociologue, Ilya Rabinovich/artiste visuel, Mark Verlan/artiste
visuel.

Conçue et mise en œuvre par Stefan Rusu, la “Drifting Identity Station” a
été développée lors d’un séjour à la Résidence des Récollets soutenu par la
Ville de Paris et le Ministère français des Affaires étrangères et
européennes.


La Station s’inspire du modèle des anciennes stations polaires soviétiques à
la mode dans les années 1950, pour explorer l’environnement arctique et dans
le même temps expérimenter des conditions extrêmes.

Cette “station de la dérive identitaire” se déplace au gré d’un climat
rigoureux associé à un hiver néo-libéral, tandis que les chercheurs traitant
de l’environnement sociopolitique s’appuient sur divers dispositifs et
méthodologies afin de collecter et contrôler les données relatives aux
différents aspects de l’identité dans ce contexte. Tout en déambulant le
long des paysages gelés, les chercheurs analysent l’ancienne trajectoire de
la formation du processus identitaire et tentent de déterminer l’intensité
et la température au sein des récents débats politiques polarisés sur
l’identité de l’état et de ses habitants. L’urgence de prendre position face
au discours identitaire gagne encore en pertinence au regard des évènements
survenus le 7 avril 2009 à la suite des élections parlementaires en
République de Moldavie. Les (ré)élections qui suivirent en juillet 2009
provoquèrent un important déplacement du spectre politique de
l’extrême-gauche à la droite centriste néo-libérale, qui déboucha récemment
sur un changement radical dans l’orientation politique du pays, notamment la
mise en œuvre du processus de partenariat avec l’Union européenne, la
reprise des négociations de l’entrée dans l’OTAN – en contradiction avec  la
“neutralité“ déterminée par les intérêts géopolitiques de la Russie dans la
région.


La vidéo “Gomenidan is alive” nous présente son auteur, Mark Verlan, exilé
dans une unité individuelle de recherche souterraine, située dans une forêt
proche de son atelier, au cœur de Chisinau, où il se consacre chaque jour à
l’analyse des données qu’il reçoit du monde extérieur.

En s’interrogeant sur la fonction symbolique des musées dans divers
contextes, Ilya Rabinovich s’est retrouvé dans une société qui réécrit
constamment sa propre histoire par le rejet systématique de son passé
récent. Aussi, il décida d’observer l’illustration des structures de la
dichotomie, notamment la fresque de l’évolution qui se trouve au Musée
d’Ethnographie et d’Histoire naturelle de Chisinau et ses peintures
idylliques représentant des paysages moldaves censés exister depuis la
Genèse scientifique et mythologique – d’un possible Jardin d’Eden jusqu’à
l’Apocalypse. Ici présentée par des photographies et évidences matérielles
de la catastrophe soviétique, elle témoigne clairement d’une  notion
temporelle spécifique à la Moldavie, entre rêve et désastre.

Tilman Meyer-Faje a découvert une série d’éléments typiques de l’ancienne
construction soviétique en République de Moldavie. Il a choisi de remixer
des images réalisées par d’autres afin de tenter de définir un modèle
moldave.

Veaceslav Druta présente le film “GPS for you”, dans lequel il interroge des
citoyens français et moldaves afin de déterminer leur niveau de connaissance
de l’identité Moldave. Un GPS, qui à la fois témoigne de la globalisation et
les aide à naviguer et à s’orienter dans l’espace, apparaît à l’image au
cours des discussions. Il leur parle en plusieurs langues, parfois inconnues
des “navigateurs”, créant ainsi une confusion et les forçant à perdre leur
destination finale.

Octavian Esanu a exhumé du passé soviétique les “Strashilki” (littéralement
“petits poèmes sadiques” ou “d’horreur”), un genre littéraire destiné aux
enfants qui apparut anonymement dans l’Union soviétique au cours des années
1970. Pour son livre d’artiste, il a traduit, interprété et écrit des vers
originaux selon cette forme littéraire peu connue à l’Ouest. Il a également
conçu et illustré le livre, destiné à fournir deux perspectives sur la
polarité socialiste-capitaliste dont l’auteur pense qu’elle a déterminé sa
vision du monde.

En le considérant comme le point de départ de son film “Mark you make
believe my dear, yes”, l’artiste média John Davis a redonné vie au film de
propagande soviétique des années 1980 en s’appuyant sur le spectre de
l’histoire récente. Il propose un commentaire sur l’existence de l’identité
moldave et affirme que ces “balancements identitaires” ne sont pas nouveaux
dans l’éveil d’une agitation politique et sociale majeure, la Moldavie étant
un cas d’étude particulièrement complexe.

Dans son texte, Petru Negura analyse la position et le rôle ambivalent joués
par les écrivains sous le régime de Staline : d’une part, ils ont agi comme
des ingénieurs sociaux qui ont simulé “l’identité  moldave”, préservé et
défini ses aspects sur le long terme dans le cadre de la modernisation
socialiste ; d’autre part, ils ont développé un outil très professionnel, la
langue roumaine, qui est aujourd’hui perçue comme une réussite et un
marqueur évident de l’identité roumaine, qui a transcendé le processus même.


Les données collectées et présentées par les chercheurs dans le cadre de la
“Drifting Identity Station” constituent un essai de visualisation de l’état
actuel des divers aspects de l’identité moldave élaborée par la propagande
soviétique et les campagnes d’ingénierie sociale entre 1940 et 1992 dans un
territoire connu en tant que “République de Moldavie” (anciennement
16eRépublique de l’URSS). Les idéologues de l’Union soviétique ont en
effet
entrepris une campagne destinée à modifier fondamentalement les
comportements et les idéaux des citoyens soviétiques en remplaçant les
anciens cadres sociaux de la culture qui existait auparavant par le modèle
soviétique en vue de créer le “Nouvel Homme”.

Avec le tournant historique que provoqua le démantèlement du système
socialiste, le projet identitaire n’a pas disparu et s’est poursuivi tout au
long des années 1990. Au cours de la dernière décade, l’ancienne idée de
l’identité a été ressuscitée par de nouveaux acteurs de la scène politique,
de l’extrême gauche (PCRM = Parti Communiste de la République de Moldavie) à
l’extrême-droite (PPCD = Parti Populaire Chrétien Démocrate). Les ingénieurs
politiques et sociaux se référant aux calendriers politiques interne et
externe ont utilisé la question de l’identité comme une arme politique
contre la menace de “romanisation”, mais aussi contre l’intégration à la
communauté européenne sous couvert de préserver la “neutralité” moldave. Au
terme de ces spéculations et jeux politiques, le résultat que nous observons
aujourd’hui est une société coincée entre l’influence militaire exercée par
la Russie dans toute la région et le processus d’élargissement de l’Union
européenne, entre le nationalisme roumain et la nostalgie d’un mélange de
régime communiste et d’utopie socialiste, entre le développement extensif du
marché ouvert et l’agressivité de l’establishment néo-libéral.


La “Drifting Identity Station” a été pensée pour observer et préserver les
données relatives à l’évolution du fait identitaire dans un contexte donné.
Les projets artistiques et les contributions écrites qui sont présentés dans
ce cadre commentent l’évolution du projet social et de l’identité moldave
dans son état actuel. Simultanément, les artistes endossent le rôle de
chercheurs collectant des échantillons d’un domaine spécifique afin de
capturer les traces résiduelles réarticulant la condition post-socialiste de
la société moldave 20 ans après la chute du Mur de Berlin et la dissolution
du bloc soviétique.


English version

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Drifting Identity Station


Opening: 16th of March, 18.00


Location: Centre International d’Accueil et d’Echanges des Récollets, Paris

Adresse: 150-154 rue du Faubourg St Martin - 75010 Paris

Period: 16th-26th of March

Phone:  +33 153 26 21 83, +33 618 86 58 48

Web site: http://www.international-recollets-paris.org

Open daily from 10:00 am – 12:30 pm and 2:30 – 6:00 pm



Participating researchers:

John Davis/media artist, Veceslav Druta/visual artist, Octavian
Esanu/artist, art historian, Tilmann Meyer-Faje/visual artist, Petru
Negura/sociologist, Ilya Rabinovich/visual artist, Mark Verlan/visual
artist.

Designed and curated by Stefan Rusu, Drifting Identity Station was developed
over the course of residency at Centre des Récollets and was supported by
the City of Paris and the French Foreign Affairs Office.


The Station is modeled after former Soviet polar stations, which were used
the 1950s to explore the arctic environment in extreme cold. Drifting
Identity Station operates in the harsh climate associated with neo-liberal
winter, while researchers interested in the socio-political environment use
various devices and methodologies to collect and monitor the identity data
relevant in the given context. While exploring the frozen landscape,
researchers analyze old trajectories for the formation of identity and
attempt to determinate the intensity and temperature of the recent political
debates, which have polarized the issue of the identity of the state and its
inhabitants. Within the context of Moldova, the urgency behind this
exploratory stance toward the discourse of identity has become all the more
relevant after the protests following recent parliamentary elections on
April 7, 2009. The subsequent new elections in July 2009 produced an
important shift in the political spectrum from the extreme left to the
neoliberal right. This has precipitated important changes in the political
orientation of the country: it has initiated the process of an associate EU
partnership, restarted negotiations for NATO membership, and has
contradicting the policy of Moldovan “neutrality” which has historically
been dictated by Russian geopolitical interests in the region.

In the video “Gomenidan is alive” by Mark Verlan we found the artist himself
exiled in an individual research unit, which is, buried underground. Located
in the woods next to his studio right in the middle of Chisinau, the unit is
where he concentrated daily on analyzing the data received from outside
world.

While meditating on the symbolic function of the museums in various contexts
Ilya Rabinovich confronted a society that is constantly rewriting its
history by gradually rejecting elements of its recent past. In this context
he decided to investigate the representation of dichotomous structures: he
visually juxtaposes idyllic paintings from the Ethnography Museum in
Chisinau, which depict Moldovan landscapes as existing since the genesis of
science and myth—a potential Garden of Eden— with images of the apocalypse,
i.e. photographs and material proof of the Soviet catastrophe. He thus makes
a clear statement about the timeline of modern and recent Moldovan history,
about the dream and its disastrous realization.

Tilman Meyer-Faje explored a series of elements typical of the former Soviet
structure in the Republic of Moldova. He chooses to remix images that have
been made by someone else in an attempt to find a specifically Moldovan
pattern.

Veaceslav Druta presents a film titled “GPS for you” in which he questions
French and Moldovan citizens in an attempt to survey their knowledge of
Moldovan identity. A GPS device, a symbol of globalization and a
navigational aid, appears throughout discussions. The GPS also “talks” in
various languages, some of which are unknown to the navigators. As a result,
the device creates disorientation and causes a loss of destination.

Octavian Esanu excavated “Strashilki” (“sadistic little poems,” or simply
“little horror poems”) from the Soviet past. This is a children’s literary
genre that emerged anonymously in the Soviet Union during the 1970s. For his
artist book he translated, interpreted, and wrote original couplets
following the poetic style of this literary form little known in the West.
He also designed and illustrated the book, which aims to provide two
perspectives on the socialist-capitalist polarity, which the author
considers to have shaped his worldview.

Using polarity as a departure point in his film “Mark You Make Believe My
Dear, Yes” media artist John Davis resurrected Soviet propaganda films from
the 1980s as a means of animating specters from recent history. Commenting
on the nature of Moldovan identity, Davis states that shifting identities
are nothing new in the wake of major political and social upheaval, yet
Moldova is a particularly complex case study.

In his text Petru Negura analyze the position and role of writers under the
Stalinist regime, who operated on the one hand as social engineers of a
faked “Moldavian” identity, who preserved and defined its characteristics
over the extended period of socialist modernization. On the other hand,
these writers also developed a very professional tool, i.e. the Romanian
language, which is perceived today as an achievement and an important mark
of Romanian identity, an outcome that transcended the process itself.


The data gathered and presented by researchers within the framework of the
Drifting Station represent an attempt to visualize the current state of
different Moldavian identities, starting with the identity imposed by Soviet
propaganda and social engineering campaigns between 1940-1992 in a territory
widely known as the Republic of Moldova (formerly the 16th Republic of
USSR). The ideologists of the Soviet Union embarked on a campaign to
fundamentally alter the behavior and ideals of Soviet citizens, to replace
old social frameworks of a previously existing culture with a Soviet model,
and to create the New Man.

With the new course taken by history after dismantling of socialist system
there was a lack of a clear identity parole, and the 1990s evinced a
pervasive shift and drift in identity. In the last decade the former Soviet
concept of Moldovan identity was resurrected by new political players
ranging from the extreme left (CPRM - Communist Party or Republic of
Moldova) to the extreme right (PPCD – Popular Christian Democrat Party) of
political spectrum. Following external and internal political agendas,
political and social leaders, i.e. “engineers,” used the issue of identity
as a political weapon against the threat of “Romanization” but also against
integration into the EU community—with the purpose of preserving the
“neutrality” of Moldova. What we have today, a result of speculations and
past political games, is a society trapped between the Russian military
influence in the region and the EU expansion process, situated between
Romanian nationalism and the nostalgia for a mixture of communist regime and
socialist utopia, between the expansive development of the open market and
the aggressiveness of neo-liberal establishment.


Drifting Identity Station was initiated to monitor and preserve the data
related to the evolving state of identity in a given context, here the
context of Moldova. Visual art projects and written contributions that are
on display in the Station comment on the evolution of the social engineering
project and “Moldavian” identity at its current state. At the same time the
artists assume the posture of researchers that collect the samples from the
field in order to preserve the residual traces that rearticulate the
post-socialist condition in Moldovan society now 20 years after the fall of
the Berlin Wall and the dissolution of Eastern Block.


Details about the project:
http://www.international-recollets-paris.org/artiste-en.php?artist_id=154
_______________________________________________
Nettime-ro mailing list
Nettime-ro@nettime.org
http://www.nettime.org/cgi-bin/mailman/listinfo/nettime-ro
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