gilbert.quelennec on Tue, 11 Jul 2006 01:15:35 +0200 (CEST)
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[nettime-fr] Approches politistes des politiques culturelles : Ioana Popa
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http://www.observatoire-omic.org/extranet/pict/
Popa%20WP%202006%20approches%20politistes.pdf
Approches politistes des politiques culturelles - contribution du
groupe 2 de l'ACI
Approches politistes des politiques culturelles
Une nouvelle contribution du groupe 2 de l'ACI :
Approches politistes des politiques culturelles
par Ioana Popa, CNRS, Institut des sciences sociales du politique
Introduction :
Un objet d’étude problématique
A l’instar d’autres politiques publiques (politiques de
l’environnement, de la ville, de la santé…), l’analyse des modalités
d’intervention de l’Etat en matière culturelle et des conséquences
qu’elles entraînent constitue un objet d’étude reconnu de la science
politique. Cependant, l’intérêt qu’il a suscité dans la science
politique française est relativement récent et postérieur à l’analyse
de l’action étatique dans d’autres domaines de la vie sociale. Les
travaux menés notamment par Guy Saez (1985), Philippe Urfalino (1987,
1993, 1996), Pascale Laborier (1992, 1998, 2002), Vincent Dubois (1993,
1999, 2001), Marine de Lasalle (1993) ou Pierre Grémion (1999) – dont
ce working paper propose la présentation et la synthèse – ont contribué
au développement de ce domaine d’analyse.
Certains de ces travaux partent du constat des difficultés auxquelles
se confrontent la mise en place et l’analyse des politiques
culturelles. Une première de ces difficultés tient à la conception
totalisante qu’offre l’approche anthropologique de la « culture »,
ainsi qu’à la polysémie du concept proprement dit : elles rendent, en
effet, difficile la définition et la délimitation du domaine même sur
lequel porterait l’action publique, ainsi que l’identification des
objectifs, des résultats et des modes d’évaluation de cette action
(Saez, 1985). La culture ne forme pas, autrement dit, un secteur
clairement circonscrit d’action publique. Même dans le cas de la
politique culturelle française – généralement considérée comme l’une
des plus anciennes et des plus ambitieuses –, la définition de la
culture comme catégorie d’intervention publique reste imprécise et
instable, y compris dans les discours et les textes officiels (Dubois,
1999). Or, pour qu’un domaine de la vie sociale devienne l’objet d’une
politique publique, il faut justement qu’un accord stable et durable
entre les différents acteurs sociaux qui y sont impliqués soit
progressivement mis en place à ce propos (Saez, 1985).
Une deuxième difficulté en résulte : à la différence de l’éducation,
des transports, de la santé…, la culture peut apparaître aux acteurs
sociaux comme un objet moins légitime ou consensuel d’intervention
étatique, et ce en dépit des traditions de ce type d’action publique
existantes dans certains pays européens et remontant à la fin du XIXème
siècle et au début du XXème (mise en place d’une administration des
Beaux-Arts, organisation de mouvements d’éducation populaire, expansion
des musées nationaux, mise en place d’un réseau des bibliothèques
publiques…) (Saez, 1985). Cependant, puisque le processus
d’autonomisation croissante d’un espace culturel s’est fait, dès le
tournant du XIXème siècle, non seulement contre les logiques
économiques, mais aussi contre toute forme, y compris publique, de
patronage et de mécénat (Bourdieu, 1971, 1977, 1992 ; Dubois, 1999 ;
Sapiro, 2003), la question de l’autonomie de la création artistique et
culturelle s’est, en partie, posée contre l’Etat. La proximité des
institutions publiques (manifestée, entre autres, par le fait de
bénéficier des commendes publiques) devient ainsi, pour ceux qui
aspirent à la reconnaissance des pairs, tout aussi « compromettante »
que le succès commercial. La défense de l’autonomie du champ culturel
impose dès lors des limites à la mise en place d’une politique
culturelle, qui ne suscitera, pendant longtemps, que peu
d’investissements de la part des agents de l’Etat (ministres, élus,
fonctionnaires…). (Dubois, 1999).
Ces difficultés peuvent être en partie surmontées en empruntant une
démarche qui soit attentive, d’une part, à l’historicisation des formes
d’action publique et, d’autre part, à l’articulation entre les
pratiques et les modes de légitimation des politiques culturelles.
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